Moyen Âge
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A-t-il existé une statuaire carolingienne ? Les chefs-d’œuvre de la sculpture romane auvergnate datent-ils bien du XIIe siècle ? La sculpture saxonne du XIIIe siècle dérive-t-elle vraiment de modèles français ? Quand a-t-on construit le porche de Moissac, le tympan de Conques, la façade de la cathédrale de Reims ? Ces questions et beaucoup d’autres reçoivent trop souvent, dans les études spécialisées et à plus forte raison dans les manuels, des réponses péremptoires qui dissimulent les difficultés, les raisonnements approximatifs et le refus des remises en cause. Examinant l’une après l’autre les méthodes dont nous disposons pour dater les œuvres, de l’analyse de laboratoire au jugement stylistique en passant par l’interprétation des documents écrits, Jean Wirth évalue les apports et les limites de chacune d’elles. Il montre à partir d’exemples concrets quelles dérives les menacent et comment en faire le meilleur usage. Parfaitement conscient des faiblesses de l'histoire de l’art, mais amoureux de sa discipline, il en propose une critique radicale et constructive. Dater une œuvre quelques décennies voire quelques années plus tôt ou plus tard n’est pas un petit jeu stérile, mais peut en modifier entièrment la signification artistique et le message. Si la statue-reliquaire de sainte Foy à Conques était réellement une œuvre carolingienne, cela signifierait que le refus par Charlemagne du culte des images était irréaliste. Situés au milieu du XIIe siècle, les chapiteaux du maître auvergnat de Mozat sont des excentricités incompréhensibles. En les replaçant dans le contexte du XIe siècle, on s’aperçoit qu’ils constituent une étape majeure du développement de la sculpture romane et qu’ils ont été imités jusqu’à Compostelle. Enfin, comme le montre Jean Wirth, la datation précise des œuvres est indispensable pour dégager l’individualité et l’influence des grands artistes médiévaux, au lieu de les dissoudre dans des écoles et des ateliers aux contours indistincts. Auteur de nombreux travaux sur l’image médiévale, Jean Wirth est archiviste-paléographe et professeur d’histoire de l’art à l’Université de Genève.
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Gaston Paris (1839-1903), grand pionnier de la philologie romane, est sans doute l’un des médiévistes français du XIXe siècle les plus cités de nos jours encore. Il n’avait jamais fait l’objet d'une étude d’ensemble que propose enfin Ursula Bähler. A l’aide notamment de la très riche correspondance du savant, elle dégage des aspects centraux de la vie et de l’œuvre de Gaston Paris. Elle s’interroge ainsi tant sur le devenir complexe du philologue, souvent déformé par l’historiographie officielle, que sur les mécanismes mis en œuvre par Gaston Paris et ses collègues pour "professionnaliser" la nouvelle discipline, réputée "germanique", dans un climat fortement imprégné des tensions franco-allemandes. L’univers intellectuel du savant ainsi que son attitude vis-à-vis du moyen âge et de sa littérature sont ensuite examinés. L’étude, enfin, répond à une question, essentielle : en quoi l’œuvre et la pensée de Gaston Paris nous concernent-elles encore ?
En annexe, on trouvera la réimpression de la Bibliographie des travaux de Gaston Paris établie en 1904 par Joseph Bédier et Mario Roques.
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La première moitié du deuxième tome des notes journalières de Fujiwara no Sukefusa couvre la fin de l’année 1040, période chargée en événements malheureux, effondrement du sanctuaire de la divinité Toyo.uke à Ise, incendie du palais et perte du miroir sacré. L’empereur fut troublé par ces désastres qu’il interprétait comme la preuve que ses divinités ancestrales étaient irritées et lui retiraient leur protection. Cette partie des notes journalières est donc intéressante pour ce qu’elle nous révèle des croyances de l’empereur et de ses relations avec ses divinités, en un moment où les précautions à prendre contre les impuretés et l’abondance des célébrations du culte national l’obligent à relativement délaisser celles du bouddhisme.
À l’exception des deux lunes du début de 1041, la deuxième moitié du volume n’est plus composée que d’extraits, souvent assez longs et suivis, relatifs à des événements tels que changement du nom de l’ère, majorité du prince héritier, banquet donné par un ministre nouvellement nommé, célébrations bouddhiques pour l’inauguration de bâtiments au Kôfukuji et au Hôjôji, ou services pour des morts. Sukefusa alors n’est plus chef à la Chancellerie privée, sa carrière stagne et il garde donc des raisons d’exhaler des plaintes et de critiquer ses contemporains.